Éviter l’effet de groupe en réunion

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Un collègue qui vous avait partagé sa conviction quant à l’urgence de planifier la communication du projet : « C’est essentiel, précisait-il, pour anticiper le changement auprès des équipes opérationnelles concernées ». Cependant, lors de la réunion, il affirme que le projet, dans son état actuel sans plan de communication ni gestion du changement, « lui semble viable.

Vous réalisez que vos collègues ne souhaitent qu’une seule chose : que la réunion se termine. Bien que vous jugiez l’ordre du jour important, vous décidez d’abréger la réunion. Un dernier exemple : Plutôt que d’être la seule équipe à défendre une idée que vous avez décidée ensemble, vous vous ralliez au projet du CEO. Autant de cas où l’effet de groupe a pris le pas sur la logique.

Qu’est ce qu’un effet de groupe ?

L’effet de groupe est ce phénomène social captivant qui pousse les individus à adopter un comportement similaire lorsqu’ils sont réunis. Les psychologues spécialistes de la gestion comportementale ont déterminé que cet effet est dû au biais cognitif connu sous le nom « d’effet de conformité sociale » ou « d’influence sociale. Celui-ci nous incite à reproduire les attitudes, les styles vestimentaires, les préférences culinaires, les lieux favoris et plus encore, dans l’unique dessein de nous intégrer au groupe.

L’effet de groupe est aussi nommé effet Janis, ou groupthink, du nom d’Irving Janis, chercheur en psychologie américain, qui a formalisé le concept en 1972.

Cependant, lorsqu’une idée est exprimée lors d’une réunion de projet, comment déterminer le besoin véritable ? À quelle personne et à quelle équipe est-elle liée ? Notre but dans les minutes à venir est de décrypter les mécanismes de l’effet de groupe pour être capable de le repérer et de limiter ou supprimer ses effets.

Par exemple, imaginez une salle de classe où un élève commence à utiliser un certain type de stylo, car il pense qu’il est cool ou à la mode. Lentement, d’autres élèves commencent à remarquer et à acheter le même stylo. C’est un exemple d’effet de groupe, où les actions d’une personne influencent les actions des autres autour d’elle.

Un autre exemple : si un collègue commence à arriver tôt au travail et à partir tard, d’autres peuvent commencer à faire de même pour ne pas paraître moins impliqués dans leur travail.

Un dernier exemple à très grande échelle : une célébrité porte un certain vêtement ou accessoire, il est fort probable que beaucoup de gens commenceront à acheter et à porter la même chose.

effet de groupe - tenue vestimentaire en classe

Manifestations et conséquences d’un effet de groupe en réunion

En réunion, l’homogénéisation des opinions prend des formes complexes dont les effets sont souvent pernicieux. Examinons plusieurs formes connues et leurs conséquences sur le groupe :

effet de groupe en réunion

Pensée de groupe ou Facilitation sociale : Les individus peuvent supprimer leur jugement critique et leurs opinions dissidentes pour maintenir l’harmonie du groupe. Cette harmonie permet de profiter de la performance collective afin d’augmenter la performance individuelle.

Effet de majorité, de conformité ou de normalisation : C’est le cas dans lequel une majorité ou les habitudes du groupe influencent la pensée et le comportement des membres du groupe. Les individus sont plus susceptibles de suivre l’opinion de la majorité, même si cette opinion est contraire à leurs propres croyances et intérêts.

Effet de cohésion : Lorsque les membres d’un groupe ont un sentiment de solidarité et d’unité, ils abandonnent leurs points de vue individuels. Cela peut les amener à se motiver pour travailler ensemble vers des objectifs communs.

Effet d’influence sociale : C’est l’influence que les membres d’un groupe exercent les uns sur les autres et qui peut modeler les attitudes et les comportements de chacun. Et bien souvent, elle tend vers une uniformisation.

effet de groupe en réunion
effet de groupe en réunion

Effet d’entraînement de groupe ou effet de contagion sociale. Il se produit lorsque les comportements, les émotions ou les idées se propagent rapidement au sein d’un groupe (propagation sans pression) pour mener à un lissage des comportements individuels et, à travers l’apparition du comportement du groupe, permettre la naissance du groupe en tant qu’entité pensante.

Effet de pression de groupe : C’est la pression exercée sur un individu pour qu’il se conforme à l’opinion ou au comportement du groupe, soit pour rester dans le groupe, soit pour être accepté par le groupe.

Effet de diffusion de responsabilité : C’est la tendance à se sentir moins responsable d’un acte lorsque d’autres sont présents et partagent la responsabilité. Les personnes qui composent le groupe se sentent moins concernées et moins responsables des décisions prises par le groupe et de ses conséquences. Les personnes du groupe se comportent comme si le groupe avait pris vie et devait assumer ses actes indépendamment d’eux.

effet de groupe en réunion

Comme nous venons de le constater, l’impact peut être positif, comme le développement de la coopération, le renforcement de la solidarité au sein du groupe. Mais il peut également conduire à des comportements négatifs, comme la conformité abusive, la suppression de l’individualité ou la déresponsabilisation.

Éviter un effet de groupe en réunion

Si vous êtes dans le cas où un effet de groupe est apparu durant votre réunion et que les conséquences ne sont que bénéfiques pour votre objectif, ne changez rien. En revanche, si le comportement de votre groupe est modifié de telle manière que votre objectif de réunion devient difficile à atteindre, ce paragraphe peut vous intéresser.

La critique constructive

La critique constructive est un type de critique conçue pour aider à améliorer quelque chose ou quelqu’un de manière positive et efficace. Elle se base sur l’évaluation objective et rationnelle d’une situation, d’un projet ou d’une performance, en soulignant à la fois les points forts et les domaines nécessitant une amélioration. Elle est généralement formulée de manière respectueuse et bienveillante, avec pour objectif d’encourager le développement et l’apprentissage, plutôt que de simplement souligner les défauts ou les erreurs.

Comment l’encourager ?

  • Promouvoir une culture d’ouverture : Il est important de créer un environnement de travail où les gens se sentent à l’aise pour exprimer leurs opinions et leurs points de vue. Faire comprendre que toutes les idées sont les bienvenues peut encourager les gens à partager leurs pensées.
  • Encourager l’empathie : Rappeler à chacun d’être respectueux et compréhensif envers les sentiments des autres. La critique constructive doit toujours être donnée d’une manière qui n’offense pas ou ne blesse pas inutilement les autres.
  • Éviter les jugements : Encourager les individus à se concentrer sur le comportement ou l’action, et non sur la personne. Par exemple, au lieu de dire « vous êtes paresseux », on peut dire « je remarque que vous avez du mal à respecter les délais ».
  • Fournir des exemples clairs : Lors de la critique d’un comportement ou d’une performance, il est utile de fournir des exemples spécifiques pour illustrer le problème. Cela permet à la personne de comprendre exactement ce qui doit être amélioré.
  • Encourager le feedback continu : Au lieu de réserver les critiques pour les évaluations de performance annuelles, encourager un flux constant de feedback pour permettre une amélioration continue.
  • Rester positif : Terminer toujours avec une note positive ou une recommandation pour l’amélioration. Cela rendra la critique plus acceptable et motivante.
  • Reconnaître les efforts individuels : Lorsqu’une personne fait des efforts pour s’améliorer suite à une critique, il est important de reconnaître et d’apprécier ses efforts.

De plus, encourager la critique constructive peut participer à l’amélioration de la performance et de la productivité dans une équipe ou un groupe de travail.

Dissuader le conformisme

Le conformisme est une attitude ou un comportement qui suit les normes et conventions sociales établies. Il s’agit de l’adoption des attitudes, des croyances et des comportements généralement acceptés par la société ou par un groupe spécifique au sein de la société. Le conformiste préfère généralement ne pas se démarquer ou défier les normes sociales, que ce soit par peur du rejet, du jugement ou par le souhait d’appartenir et de s’identifier à un groupe.

Comment dissuader le conformisme ?

  • Démystifier le conformisme : Expliquez que le conformisme n’est pas toujours bénéfique et peut parfois mener à des idées et des comportements nuisibles. Par exemple, la pensée de groupe peut entraver l’innovation et l’injustice peut être perpétuée si personne ne remet en question le statu quo.
  • Encourager l’individualisme : Aidez les gens à comprendre qu’il est bon d’avoir des opinions et des pensées différentes. Chacun a sa propre perspective unique sur le monde qui est précieuse et devrait être exprimée (A ne pas confondre avec l’égoïsme).
  • Promouvoir la réflexion critique : Encouragez les gens à questionner les normes et les croyances établies. Cela peut les aider à développer leur propre manière de penser et à résister à la pression de se conformer.
  • Créer un environnement sûr pour la dissidence : Encouragez les gens à exprimer leurs opinions, même si elles sont impopulaires. Faites-leur savoir que leurs pensées et leurs idées sont valorisées.
  • Encourager l’expérimentation et la créativité : Il est plus facile de résister à la pression de se conformer si vous êtes à l’aise avec l’incertitude et l’expérimentation. Encouragez les gens à essayer de nouvelles choses, à prendre des risques et à penser en dehors de la boîte.

Favoriser la réflexion individuelle et la prise de décisions collectives

Être capable de penser par soi-même est essentiel pour développer sa propre connaissance, sa compréhension et sa perspective de vie. Cela nous permet d’avoir des opinions personnelles et de prendre des décisions indépendamment.

Cependant, quand il s’agit de travailler en groupe, la capacité de prendre des décisions ensemble est tout aussi importante. La décision collective est le fondement d’un groupe, car elle permet à tous les membres d’apporter leurs idées et perspectives uniques, enrichissant ainsi le processus de prise de décision.

Comment favoriser la réflexion individuelle et la prise de décisions collectives?

  • Encourager la participation de tous : Chaque membre du groupe doit se sentir à l’aise de partager ses idées et opinions. Créer un environnement ouvert et respectueux. Pratiquer le tour de table au besoin.
  • Valoriser les contributions individuelles : Chaque personne a quelque chose d’unique à apporter. Reconnaître et Valoriser ces contributions individuelles encourage la réflexion individuelle. Limiter les interventions des personnes les plus à l’aise et donnez la parole aux personnes les plus discrètes.
  • Fournir suffisamment de temps pour la réflexion : La prise de décision ne doit pas être précipitée. Donner à chacun le temps de réfléchir à la question peut conduire à des décisions plus réfléchies et efficaces.
  • Favoriser la communication ouverte : Une communication efficace est essentielle pour la prise de décision collective. Cela peut impliquer des réunions régulières, des discussions de groupe ou l’utilisation de technologies de communication pour partager des idées et des informations.
  • Utiliser le  remue-méninges : Le brainstorming peut aider à encourager la réflexion individuelle et la collaboration. Cela peut également aider à générer une richesse d’idées et de perspectives.
  • Encourager l’esprit critique : Encourager chacun à penser de manière critique peut aider à identifier les forces et les faiblesses de différentes idées et options.
  • Prendre des décisions en tant que groupe : Une fois que toutes les idées et informations ont été partagées, le groupe devrait travailler ensemble pour prendre une décision. Cela peut impliquer le vote ou le consensus.

Encourager débat, libre expression et confrontation d’idée

« Du chaos nait une étoile »

Charlie Chaplin

Cela peut être interprété de différentes façons. Sans aller jusqu’à tout casser pour tout reconstruire, n’ayez pas peur du désordre que peut apporter un débat. Parce qu’exprimer ses idées est le meilleur chemin pour accepter celles des autres, il est toujours nécessaire d’exprimer ses pensées pour bien réfléchir et créer ensemble de l’innovation.

Quelques principes pour  encourager débat, libre expression et confrontation d’idée

  • Créer un environnement favorable : Il est essentiel de créer un environnement où les gens se sentent en sécurité pour partager leurs idées, même si elles sont différentes de celles des autres. Cela peut être fait en établissant des règles de respect mutuel et en s’engageant à écouter et à comprendre les points de vue des autres.
  • Fournir informations et sources : Il est important de fournir des bases de travail pour nourrir et guider la réflexion. Cela peut inclure des articles, des livres, des vidéos, des débats en ligne, etc.
  • Organiser des débats et des discussions régulières : Cette pratique encourage la libre expression et la confrontation d’idées. Ces événements peuvent être organisés sur différents sujets et peuvent inclure des participants de divers horizons.
  • Valoriser la pensée critique : Encourager les gens à penser de manière critique et à évaluer les idées et les arguments de manière objective peut aider à promouvoir le débat et la libre expression.
  • Encourager l’écoute active : Encouragez donc les participants à écouter attentivement et à poser des questions pour clarifier les points de vue des autres.
  • Favoriser le respect mutuel : Encourageant les participants à respecter les idées et les opinions des autres, même s’ils ne sont pas d’accord avec eux.
  • Établir des règles claires : Ces règles peuvent inclure des éléments de base tel que : ne pas interrompre, respecter le temps de parole de chacun, retenir ses attaques personnelles, etc.

Veiller à ce que chaque personne soit écoutée et respectée

  • Promouvoir et renforcer une culture d’écoute active : Chaque individu mérite d’être écouté et son point de vue pris en considération. L’écoute active implique d’être pleinement présent, d’accorder toute son attention à la personne qui parle et d’éviter toute forme de jugement.
  • Faire preuve de respect mutuel : Le respect est une valeur fondamentale dans toute interaction humaine. Chaque personne a droit au respect, indépendamment de ses opinions, de sa culture, de son âge, de son sexe ou de sa position sociale. Le respect implique de traiter les autres comme nous aimerions être traités nous-mêmes.
  • Encourager l’expression libre : Chaque personne a le droit d’exprimer son opinion, ses sentiments et ses idées. Il est important de créer un environnement où chacun se sent à l’aise pour s’exprimer et partager ses pensées.
  • Valoriser la diversité d’opinions : Dans tout groupe ou communauté, les opinions et les perspectives varient. Il est crucial de valoriser cette diversité et de la considérer comme une richesse plutôt que comme une source de conflits.
  • Privilégier le dialogue et la communication : Pour résoudre les désaccords et les malentendus, il est essentiel de maintenir une communication ouverte et transparente. Le dialogue permet de comprendre les points de vue de chacun et de trouver des solutions communes.
  • Bannir les comportements discriminatoires : Il est essentiel de lutter contre toute forme de discrimination, qu’elle soit basée sur l’ethnie, le genre, l’âge, la religion, la condition sociale ou toute autre caractéristique. Tout le monde doit se sentir équitablement traité et considéré.

Prendre les décisions en groupe

La prise de décision en groupe est une autre solution efficace pour éviter l’effet de groupe. En effet, lorsque les décisions sont prises collectivement, chaque membre du groupe a l’opportunité de partager ses idées et de contribuer au processus décisionnel.

En outre, la prise de décision en groupe permet de diversifier les points de vue et de minimiser le risque de conformisme. Grâce à cette méthode, le groupe peut bénéficier de la créativité et de l’expertise de tous ses membres, tout en évitant les pièges de la pensée de groupe.

Pour mettre en œuvre une prise de décision collective efficace, l’animateur de la réunion doit veiller à organiser un débat ouvert et équilibré, où chaque membre a la possibilité de s’exprimer librement. Il peut également utiliser des techniques de vote anonyme, pour permettre à tous de donner leur avis sans craindre le jugement des autres.

Il est aussi important de prendre le temps nécessaire pour évaluer toutes les options disponibles avant de prendre une décision. Dans ce contexte, il peut être utile de prévoir des moments de réflexion individuelle ou collective, pour permettre à chaque membre de mûrir ses idées et de prendre du recul par rapport à la situation.

En résumé

L’effet de groupe en réunion est un phénomène répandu, qui a pour effet principal de nuire à la prise de décision. Pour l’éviter, il est nécessaire d’adopter une approche créative, ouverte, inclusive et participative, où chaque point de vue est écouté et respecté et où la diversité des opinions est valorisée. C’est un défi à relever, mais les bénéfices en valent la peine.

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